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Génération Y : à quoi ressemblera votre travail demain ?

Il est loin le temps où un salarié entrait dans une entreprise pour n’en sortir qu’à la retraite. Aujourd’hui, les jeunes générations donnent du grain à moudre aux entreprises qui peinent à les attirer et à les retenir. La tendance est au changement d’emplois de plus en plus rapide tout comme elle l’est pour la technologie et la prise de conscience sur la société de consommation et l’écologie. Tout cela va de pair avec une vision du monde de l’entreprise et de l’éducation qui se retrouve chamboulée face à celle des générations précédentes. Et si on vous en disait plus sur les nouvelles générations et leur impact sur l’entreprise ?

Portrait-robot d’une génération qui casse les codes

X, Y, Z… les dénominatifs qui qualifient les différentes générations ne vous sont sûrement pas étrangères. Chacune est le reflet du genre d’éducation qu’elle a reçue et d’un environnement composé d’évènements clés et de nouvelles technologies. À l’heure actuelle, c’est bien le Y (né entre 1980 et 2000) qui fait débat, notamment vis-à-vis de son rapport au travail. Impatient, éternel insatisfait, instable et individualiste – c’est le portrait-robot qu’on lui dresse sans qu’il n’ait rien demandé. Aussi appelés Digital Natives ou Millenials, les Y devraient représenter 75% des actifs d’ici 2025[1]. Qu’on les tolère ou non, il est crucial pour les entreprises de prendre du recul par rapport à cette génération. Directement infusée par le digital, la génération Y a grandi avec l’essor de la télévision, d’Internet et des réseaux sociaux. Elle va vite, s’adapte facilement et n’a pas peur du changement. Tandis que la génération précédente (la génération X – née entre 1965 et 1980) a un rapport sacrificiel avec le travail et a cherché à évoluer au sein d’une même entreprise ; la génération Y n’hésite pas à en changer voire à se former pour changer radicalement de voie. C’est une génération qui met un point d’honneur à établir un équilibre entre vie professionnelle et vie privée et qui recherche dans le travail : du plaisir, du sens et de l’apprentissage. Lorsqu’elle qu’elle se heurte à des systèmes organisationnels bien établis qui l’éloigne de son but, la génération Y n’hésite pas à démissionner.

Ce qu’attendent les Y de l’entreprise

Pour la nouvelle génération, plus que le besoin de réussir et de passer au grade hiérarchique supérieur, il y a celui d’expérimenter et de s’accomplir. Pour contrer de nombreux stéréotypes, ce n’est pas un caprice de jeunesse ni un sujet français. Ce serait simplement un mouvement international issu de la mondialisation et du tout numérique ; chaque génération se construisant en opposition à la précédente, en réponse à un monde qui évolue de plus en plus vite. Dès lors, l’entreprise doit s’adapter et opérer plusieurs changements.

  • Un rapport recruteur – recruté plus équilibré

Il y a encore quelques années, il y avait un vrai rôle de subordination entre l’employeur et l’employé. Ce dernier devait se vendre et l’entreprise faisait l’honneur de lui offrir un emploi et un plan de carrière tout tracé. Avec l’arrivée des générations Y et Z sur le marché de l’emploi et le boom du statut de free-lance : les rôles s’inversent. La jeunesse devient maîtresse de sa vie professionnelle et met ses talents à profit des entreprises. Ces dernières ont compris que pour attirer et séduire de nouveaux talents, il fallait laisser place à plus de transparence. C’est d’ailleurs à partir de ce constat qu’est né le guide de l’emploi digital Welcome to the Jungle créé par Jérémy Clédat – sur lequel les entreprises n’hésitent pas à divulguer des données clés telles que la parité hommes-femmes, la rémunération, la moyenne d’âge, le taux de turn-over, les locaux ou encore leur équipe. En revanche, des progrès restent à faire sur le modèle de recrutement. Dans la majeure partie des cas, le recruteur juge le candidat par le prisme de son diplôme et de ses expériences professionnelles passées. Peu de chance est laissée au potentiel, à la personnalité et aux compétences non validées par le tampon d’une école.

  • Vers une entreprise engagée socialement et apprenante

L’entreprise doit être source de sens. Les nouvelles générations veulent avoir un impact, participer à une vision qui leur semble juste, comprendre pour quoi et qui elles vont travailler tous les matins. Les Y sont de plus en plus à rechercher un job dit « utile » en lien direct avec le terrain et les humains – en opposition aux « bullshit jobs »[2] ou les métiers inutiles nés du progrès technologique. Ils sont aussi plus enclins à s’engager et à déplacer des montagnes qu’on ne le pense, si on leur donne l’opportunité d’apprendre. Aujourd’hui, la génération Y est plus diplômée que ses parents. Pourtant, celle-ci démissionne de manière plus significative et ce, dès la première année de sa vie professionnelle. Elle n’hésite pas à se diriger vers des postes moins qualifiés ou à se reconvertir. L’explication ? Le sacro-saint diplôme marquerait à vie une expertise et ne permettrait pas d’en sortir dans le milieu professionnel. Au même titre que la chasse au potentiel plus qu’au diplôme, la formation continue est un appât non négligeable à mettre en place par les entreprises si elles souhaitent fidéliser les nouveaux talents.

  • Moins de managers, plus de collaboration et de responsabilités

Aussi, les nouvelles générations accordent une importance prédominante au donnant-donnant et à la collaboration plutôt qu’à la subordination. Elles ne sont pas réfractaires à la hiérarchie. Plus qu’un manager donneur d’ordres, elles recherchent avant tout un mentor pour les élever ainsi qu’un cadre fort mais flexible. La liberté et l’autonomisation sont des atouts indéniables pour les entreprises qui veulent recruter de nouveaux talents. Pour preuve, des entreprises comme Netflix, OpenClassrooms ou Linkedin proposent à leurs salariés un nombre de congés non plafonné ainsi que la possibilité de faire du télétravail lorsqu’ils le souhaitent.Ces transformations déjà en marche dans certaines entreprises seront amenées à évoluer rapidement. Les Z arrivent progressivement sur le marché de l’emploi et devraient être encore différents vis-à-vis de leur rapport au travail. Encore plus connecté que le Y, le Z apprend par lui-même et porte ce regard entrepreneur tant sur la vie professionnelle que la formation. Si 79% de la génération Z reste attaché à la sécurité et veut travailler en CDI (contre 86% de la génération Y), une personne sur deux issues de cette génération pense que le CDI a vocation à disparaître au profit du CDD et du free-lancing[3]. De quoi donner à réfléchir.

[1] Quocirca Print 2025: Millennial’s Matter report

[2] « Le bullshit job est un boulot si inutile, absurde, voire néfaste, que même le salarié ne peut en justifier l’existence, bien que le ‘contrat’ avec son employeur l’oblige à prétendre qu’il existe une utilité à son travail. Ceux qui occupent ces boulots à la con, sont souvent entourés d’honneur et de prestige ; ils sont respectés, bien rémunérés (…). Pourtant, ils sont secrètement conscients de n’avoir rien accompli , (…), ils savent que tout est construit sur un mensonge. » – Bullshit Jobs: A Theory, Graeber, 2018

[3] https://online.mazars.fr/etude-gen-z


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